La capacité des pays africains à adopter des politiques publiques visant à mobiliser leurs richesses minières pour favoriser l’accès à la santé est un enjeu d’importance majeure. Ce projet vise à analyser le changement dans les politiques publiques au Mali et au Sénégal dans les secteurs minier et de la santé afin de démontrer comment le premier peut être une source de contribution pour le second. Il veut attirer l’attention sur le potentiel catalyseur à plus long terme qui résulterait d’une meilleure articulation des politiques dans les domaines de la santé et des mines tel que le préconise la perspective transformatrice de la Vision minière pour l’Afrique (VMA). Il s’agit de voir comment la recherche, en partant d’une très bonne connaissance de la spécificité de chacun de ces deux secteurs, incluant une perspective historique des réformes passées et de leurs impacts et en identifiant les conditions propices à la transformation des politiques publiques, peut contribuer à alimenter la réflexion de décideurs, à les appuyer dans la formulation de recommandations et ainsi favoriser l’adoption de politiques publiques en ligne avec les objectifs de développement du pays à court et plus long terme.
Un projet de recherche financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) Durée : 2017-2022
L’objectif principal du projet est de comprendre et d’expliquer les conditions entourant le changement de paradigme de politiques publiques en Afrique subsaharienne. Il porte sur de récentes politiques publiques mises en oeuvre au Sénégal et au Mali dans les domaines des mines (mise en oeuvre de la Vision minière pour l’Afrique) et de la santé (Couverture universelle en santé). Au-delà de la contribution empirique dans un contexte africain très peu étudié, il s’agit de développer une réflexion conceptuelle ayant des implications concrètes pour améliorer les processus de prise de décision dans le champ des politiques publiques, et notamment sur le rôle des idées, du pouvoir et des institutions politiques.
Dr. Bonnie Campbell, Professeure émérite, Faculté de science politique et droit, Université du Québec à Montréal.
Dr. Valéry Ridde, Centre Population et Développement, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Paris. Spécialiste des politiques publiques en santé.
Dr. Daniel Béland, Directeur de l’Institut d’études canadiennes de McGill (IÉCM), Université McGill (Canada), Département de science politique. Spécialiste des politiques publiques.
Dr. Ibrahima Ly, Professeur de Droit Public et Science Politique, Directeur du Laboratoire d’Études et de Recherches en Politiques, Droit de l’Environnement et de la Santé (LERPDES) de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Cheikh Anta Diop, Dakar.
Dr. Fatoumata Hane, Socio-anthropologue de la santé, Département de sociologie, Université Assane Seck de Ziguinchor.
Dr. Mouhamadou Lamine Diallo, Département Histoire-Géographie, Faculté des Sciences et Technologies de l’Éducation et de la Formation (FASTEF) de l’Université Cheikh Anta Diop, Dakar.
Dr. Amadou Keita, Coordinateur du Groupe d’Études et de Recherche en Sociologie et Droit Appliqué, (GERSDA), Enseignant-chercheur à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako.
Dr. Alfousseyni Diawara, Membre du Groupe d’Études et de Recherche en Sociologie et Droit Appliqué (GERSDA), Enseignant-chercheur à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako.
Dr. Laurence Touré, Directrice, MISELI, Association malienne de recherche et de formation en anthropologie des dynamiques locales, spécialisée sur les enjeux de politiques publiques de santé.
Tony Zitti, Candidat au doctorat, École doctorale Pierre Louis de santé publique : Épidémiologie et sciences de l’information biomédicale, Université de Paris.
Mylène Coderre Proulx, Candidate au doctorat, École de développement international et mondialisation, Université d’Ottawa.
Sur le plan théorique, le point de départ de ce projet est la théorie du changement de paradigme de politique publique développée par Hall (1993). Selon ce dernier, il y aurait trois ordres de changement dans les politiques publiques :
1) le réglage des instruments de politique publique ;
2) la création, le remplacement ou l’élimination d’instruments spécifiques de politique publique ;
3) les objectifs et les instruments de politique qui dominent un ou plusieurs secteurs d’intervention de l’État changent de façon systématique, ce qui produit, à terme, une transformation fondamentale de l’action publique, i.e. un changement de paradigme.
Nous proposons trois renforcements théoriques à cette approche pour en améliorer la capacité heuristique, tout en l’adaptant au contexte africain.
1) Premièrement, notre cadre d’analyse part du principe que, pour être considéré comme tel dans le contexte de l’analyse théorique, un changement de paradigme doit se manifester autant au plan des idées (conceptions et intentions des acteurs) qu’au plan de la pratique (objectifs et instruments de politique publique). C’est la concomitance du changement dans les deux dimensions (idées/politiques) qui témoigne d’un changement de paradigme.
2) Notre cadre analytique prend en considération les institutions et leur rôle dans la diffusion des idées et les propositions d’instruments. Il explore l’interaction entre les acteurs nationaux et les organisations internationales dans le développement et la mise en œuvre des politiques publiques.
3) Troisièmement, notre cadre théorique met l’accent sur les rapports asymétriques de pouvoir entre les acteurs, tant nationaux qu’internationaux, impliqués dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.
Consulter la littérature associée à cette recherche
Les procédures de collecte de données comportent deux axes. D’abord, en vue de préciser le contexte politique et institutionnel, nous privilégions une méthodologie de type documentaire, analytique et déductive, basée sur la révision de documents de travail, rapports et articles spécialisés. Cette étape nous permet de dresser un portrait des principaux acteurs et institutions impliqués dans l’adoption des récentes politiques publiques, de leurs interactions, des contraintes auxquelles ils font face, ainsi que des accords formels et informels qu’ils ont conclus entre eux.
La recherche repose également sur la réalisation d’entretiens semi-directifs administrés par les équipes de recherche au Sénégal et au Mali de 2018 à 2020. Les entretiens ont été réalisés auprès des acteurs qui ont été identifiés à l’étape documentaire, selon leurs fonctions, expériences ou connaissances. Cinq catégories d’informateurs ont été approchées pour chacune des études de cas, à savoir (1) des fonctionnaires des ministères concernés (ex : Directeur de la Géologie et des Mines, Directeur National de la Santé) ; (2) des consultants ; (3) des acteurs politiques nationaux (ex : députés membres des commissions santé et mines des Assemblées nationales) ; (4) des représentants locaux (ex : autorités des communautés villageoises ciblées, représentants de l’OMS, ONUSIDA, USAID) et (5) des chercheurs qui s’intéressent aux enjeux étudiés. Au total 77 entrevues ont été réalisées au Mali et au Sénégal.
Vision minière pour l’Afrique :
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Rapport du groupe d’études international sur les régimes miniers de l’Afrique :
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